Ennéascope

INTRODUCTION À L’ENNÉAGRAMME

ennéagramme

Ennéatype 1

Compulsion Évite la colère
Passion Colère
Mécanisme de défense Formation réactionnelle
Image de soi « Je suis droit ; je travaille »
Vertu Patience
Apport Rigueur personnelle, idéaux élevés

La personnalité du 1 est structurée par quatre éléments que nous avons déjà traités. Il est un des membres de la triade 8-9-1 qui préfère le centre instinctif. Il est celui qui utilise l’énergie considérable de ce centre vers l’intérieur afin de progresser et d’avancer.

En bon élément de la triade instinctive, le 1 est confronté à la colère, mais celle-ci est maitrisée, intériorisée et plus tournée vers lui-même que vers les autres.

Sa compulsion est d’éviter la colère, autant la sienne que celle des autres.

Le 1 est à côté du centre émotionnel. Le centre qu’il utilise le moins est le mental ; il a tendance à le remplacer par son centre préféré, l’instinctif.

La compulsion du 1 et son origine

Le seul moyen que le 1 a trouvé pour ne pas être en colère après lui-même et pour que les autres ne soient pas en colère après lui, c’est de faire les choses parfaitement. Et comme il est persuadé que la perfection est possible, il cherche à l’atteindre en permanence. Pour cela il travaille, il travaille, il travaille... il travaille dur.

Le 1 est convaincu qu’il y a une – et une seule – bonne manière de faire les choses. Il est prêt à passer le temps nécessaire pour la trouver. En conséquence, il est lent à prendre une décision. Une fois celle-ci prise, il cherchera la bonne méthode pour agir, puis il se mettra au travail avec minutie et précision. Ordre, effort, conscience, implication sont les caractéristiques du 1 à l’œuvre.

Hélas, le résultat n’est jamais à la hauteur de ses espérances. Le 1 s’en aperçoit bien car il passe son temps à comparer la réalité à sa vision idéale du monde. Et le résultat de cette comparaison n’est jamais satisfaisant. Le 1 a presque toujours une petite voix intérieure qui critique sans indulgence la moindre de ses actions. Fréquemment, il ressasse ce qu’il a fait, en cherchant comment il aurait pu faire mieux. Il est assez orienté vers le passé dont il est mécontent. Il espère que cette analyse du passé lui permettra de mieux faire dans le futur.

Bien entendu, les actions et les comportements des autres sont également jugés insatisfaisants. Le 1 en ressent une frustration certaine. Bien que cela ne soit jamais exprimé sous cette forme, sauf peut-être avec des intimes, le 1 est intolérant. Il a tendance à émettre des jugements et emploie plus que de raison le verbe « falloir ».

Le 1 ne manifeste quasiment jamais ce mécontentement vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis des autres. En tant que membre du centre instinctif, la colère est au cœur de sa vie émotionnelle ; c’est même sa passion. Mais c’est une colère qui reste à l’intérieur et il consacre d’ailleurs une énorme quantité d’énergie à la contenir. En effet, exprimer cette colère serait une imperfection, et si cela se produit, le 1 en ressent une violente culpabilité.

Cette retenue fait qu’il est souvent considéré comme un bon compagnon, plutôt gai. Parfois cependant, les autres repèrent la colère à divers signes non verbaux : mâchoires serrées, regard critique, lèvres pincées, gestes qui pointent. Pendant ce temps-là, le 1 n’est même pas conscient de son sentiment intérieur.

Le 1 ne trouve guère le temps de se distraire ni de se détendre. Il estime n’en avoir le droit que si toutes les tâches qu’il doit remplir ont été accomplies.

Dans les relations privées, il cherche aussi la perfection, à la fois dans la relation et dans l’autre personne. Ses propres imperfections l’inquiètent ; il vit dans la crainte d’être rejeté. Il aura tendance à mettre l’autre sur un piédestal, à s’en créer une image idéale et à faire de gros efforts pour que l’autre se conforme à cette image.

Le mécanisme de défense du 1 est la formation réactionnelle qui consiste à exprimer des sentiments ou à avoir des comportements contraires à ce qu’il vit inconsciemment. S’il est en colère après quelqu’un, il aura tendance à lui sourire largement et à lui donner des conseils amicaux pour qu’il améliore sa vie. Il adore d’ailleurs inciter les autres à s’engager sur la voie de la progression et de la perfection.

S’il se met néanmoins en colère, le 1 dira que sa colère est une colère juste. Il est un champion de la morale. Cela fait de lui un partenaire loyal et l’amène aussi à ignorer ses propres besoins. Dans la vie, il ne fait pas ce qu’il veut, il fait ce qui doit être fait.

Le 1 est à côté du centre émotionnel. Il est divisé en deux : d’un côté, il y a un critique moralisateur ; de l’autre, un flot de sentiments, soit inconscients, soit contenus. Cette division se reflète parfois dans la vie extérieure : un certain type de comportements avec les personnes qui pourraient le juger, un autre dans l’intimité, seul, avec des proches ou dans un milieu où il se sent anonyme.

C’est peut-être quelqu’un qui est extrêmement strict onze mois par an et qui part en vacances au Carnaval de Rio où caché par la foule, il peut se livrer à des comportements excessifs. Ou bien il peut vivre dans un appartement très ordonné, mais avoir un placard où règne la pagaille la plus absolue. Cette coupure peut aussi se manifester dans sa sexualité, plutôt calme et contrôlée en général avec des relations brèves et intenses.

Enfant, le 1 a souvent eu des parents très exigeants et rigides ; pour eux ce qu’il faisait n’était jamais assez bien. Il a fait d’immenses et inutiles efforts pour les satisfaire et a déduit de la situation qu’il ne pouvait guère faire confiance aux autres. Parfois, il a été aussi confronté à des responsabilités trop grandes pour lui, par exemple à un parent absent dont il a plus ou moins dû jouer le rôle.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 1 émet de plus en plus de jugements négatifs sur lui-même et les autres. Il devient incapable de pardonner la moindre peccadille et se montre intolérant et inhumain.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les aspects négatifs du 4. Il se sent seul, mal aimé et incompris. Il devient mélancolique et s’apitoie sur lui-même. Si la tendance à la désintégration continue, les émotions négatives jusqu’ici retenues sont ressenties avec force et le 1 ne sait pas comment les gérer ; il devient tragique et désespéré.

Intégration de la personnalité

Si la compulsion est maitrisée, le 1 découvre la vertu de son type, la patience : il apprend à distinguer les résultats des intentions et ainsi à pardonner aux autres et à lui-même. Il transforme sa tendance à juger en une capacité utile à évaluer.

Le 1 devient alors tolérant, sans faiblesse, avec lui-même et avec les autres et découvre que l’on peut être aimé même imparfait, inconditionnellement.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert alors les qualités du 7. Il apprend à rire, devient plus joyeux, capable de profiter de ce qui est bon dans la vie, même si ce n’est pas parfait. Il y gagne aussi une meilleure utilisation de son centre mental, marquée notamment par une plus grande capacité à se montrer objectif. Il apprécie les choix et le fait de disposer de plusieurs options.

Les ailes

Si le 1 a une aile 9, les deux types se renforcent sur le plan de la maitrise des émotions négatives. L’aile 9 peut aussi diminuer les manifestations d’intolérance vis-à-vis des autres. Il peut aussi bien en résulter un être inhumain et complètement dissocié de son environnement que quelqu’un d’extrêmement équitable et mesuré.

S’il a une aile 2, celle-ci l’aide à mieux comprendre les autres sur le plan émotionnel. Ce qu’il fait de cette compréhension dépend du niveau d’intégration de la personnalité : cela peut aller d’une capacité à manipuler les autres pour les rendre coupables de leurs faiblesses à un véritable esprit de sacrifice.

Quelques exemples

Un jour, un couple d’amis décide d’aller finir son après-midi dans un casino. Leur fille, du type 1, est mineure et l’entrée lui est interdite. Ils lui proposent une autre activité pendant ce temps. Mais comment un 1 pourrait-il accepter que ses droits fondamentaux soient ainsi bafoués ?

Elle exprime aussitôt la compulsion du 1 : « C’est injuste que je ne puisse pas aller au casino si je suis accompagnée par mes parents. Je ne veux pas vous attendre ailleurs puisque j’ai le droit de venir. » Devant un tel abus, elle se met à pleurer et fonce immédiatement vers le 4 : « De toute façon, vous ne savez pas ce qui se passe dans ma tête. »

Au cours d’un de nos stages, une participante, Marine fait un exercice. Elle vient de découvrir la technique à utiliser par une explication théorique et une démonstration. Elle la pratique pour la première fois de sa vie, et fort bien pour nous qui la regardons travailler. À la fin, elle se tourne vers nous, son visage marqué d’une profonde expression de tension et de souffrance, et dit : « Oh, qu’est-ce que j’ai à m’améliorer ! »

Un jour, Laurence, la fille d’un couple ami, est malade. Ses camarades de classe passent la voir régulièrement pour prendre de ses nouvelles et la tenir au courant de ce qui se passe pendant son absence. L’une d’entre elles, onze ans comme Laurence, lui écrit un petit mot que voici in extenso :

« Chère Laurence,

Guéris vite, nous t’attendons à l’école. Nous te félicitons pour ton 15 en rédaction. C’est la meilleure note et tu es la seule à l’avoir avec Carole.

Félicitations !

Et surtout fais toujours aussi bien tes devoirs ! »

Ennéatype 1 – Ennéatype 2

Pourquoi peut-on les confondre ?

Aidant les autres, aimant donner des conseils. Essayant de faire au mieux et ayant tendance à se faire du souci. Réticent à dire ce qu’il veut ou a besoin.

Ce qui les distingue

Le 1 est soucieux de faire de la bonne façon, le 2 d’établir de bonnes relations avec les autres. Le 1 a tendance à garder ses sentiments pour lui, le 2 à les montrer. Le 1 pose des frontières claires et est sceptique, les frontières du 2 sont souvent floues et il fait confiance.

Ennéatype 1 – Ennéatype 3

Pourquoi peut-on les confondre ?

De grandes attentes vis-à-vis de soi comme des autres. Des difficultés à déléguer. Travaillant dur, actif, efficace et visant à conclure.

Ce qui les distingue

Le discours du 1 est parfois moraliste, celui du 3 peut être chargé de vantardise. Le 1 accomplit en général une tâche après l’autre, le 3 en a plusieurs sur le feu en même temps. Le 1 fait les choses méthodiquement, avec pragmatisme, le 3 est plus charmeur et peut changer sa cible pour s’adapter à la situation ou aux attentes des autres. Le 1 est pessimiste et s’inquiète des erreurs du passé et du futur, le 3 est optimiste et se focalise sur ses succès.

Ennéatype 1 – Ennéatype 4

Pourquoi peut-on les confondre ?

Idéaliste et insatisfait des choses telles qu’elles sont. Des idéaux élevés pour lui-même.

Ce qui les distingue

Le 1 contrôle ses émotions, le 4 affiche sa tristesse. Le 1 voit les sentiments forts comme dangereux ou inadéquats, le 4 valorise les sentiments profonds. Le 1 suit les règles de la société, le 4 suit ses propres règles. Le 1 est réaliste, concret, terre-à-terre, le 4 est créatif et plein de fantaisie.

Ennéatype 1 – Ennéatype 5

Pourquoi peut-on les confondre ?

Logique, objectif, contrôlant ses émotions. Des idéaux élevés. Souci de ne pas faire d’erreurs. Indépendant et ne comptant que sur lui.

Ce qui les distingue

Le 1 est terre-à-terre et vise des améliorations concrètes, le 5 est dans l’abstraction et la théorie. Le 1 suit les règles, le 5 n’aime pas les conventions ni l’autoritarisme. Le 1 s’implique et est actif, le 5 se tient en retrait et observe. Le 1 cherche à réduire le nombre d’options et à prendre des décisions, le 5 cherche à recueillir de l’information.

Ennéatype 1 – Ennéatype 6

Pourquoi peut-on les confondre ?

Fort sens du devoir et de l’engagement. Sceptique au départ, la confiance s’établit lentement. Souvent inquiet et pessimiste. A tendance à travailler trop et a du mal à se relaxer. Aime les procédures clairement définies.

Ce qui les distingue

Le 1, instinctif, est bien ancré, le 6 est anxieux par nature. Le 1 réprime sa colère, le 6 la montre s’il est contre-phobique. Le comportement du 1 est prévisible, celui du 6 imprévisible. Le souci du 1 est d’avoir raison, celui du 6 est d’être en sécurité. Le 1 se décide rapidement, le 6 a du mal à se décider.

Ennéatype 1 – Ennéatype 7

Pourquoi peut-on les confondre ?

Les deux types se trouvent de part et d’autre d’une flèche : le 1 s’intègre en 7, le 7 se désintègre en 1.

Ce qui les distingue

Le 1 évite à tout prix la colère et contrôle ses émotions, le 7 apparait souvent exubérant dans son mode d’expression. Le 1 peut souffrir pour son idéal, le 7 évite à tout prix la souffrance.

Ennéatype 1 – Ennéatype 8

Pourquoi peut-on les confondre ?

Travaillant dur, ambitieux, centré sur l’objectif. Confiant en soi et direct. Indépendant. Parfois impatient, polémique et insensible aux sentiments des autres. Prenant des responsabilités et poussant les autres à faire de même. Tendance à voir les choses en noir et blanc.

Ce qui les distingue

Le 1 est souvent modéré et courtois, le 8 peut être excessif et grossier. Le 1 essaie d’être raisonnable, le 8 aime parfois choquer et se moque de ce qu’on pense de lui. Le 1 est méthodique, le 8 est spontané. La colère du 1 s’accumule jusqu’à ce qu’il explose, le 8 l’exprime dans l’instant. Le 1 met les autres sous pression pour qu’ils changent, le 8 intimide les autres pour parvenir à ce résultat. Le 1 suit les règles, le 8 y déroge si elles le dérangent, même s’il en est l’auteur.

Ennéatype 1 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Franchement, ça semble assez difficile...

Ce qui les distingue

Le 1 est toujours en mouvement, le 9 agit en général dans le calme.

Ennéatype 2

Compulsion Évite de reconnaitre ses propres besoins
Passion Orgueil
Mécanisme de défense Répression
Image de soi « J’aime ; j’aide »
Vertu Humilité
Apport Amour

Le 2 fait partie de la triade 2-3-4 et préfère donc le centre émotionnel. Il est celui qui en utilise l’énergie vers l’extérieur, c’est-à-dire pour se relier aux autres et connaitre leurs désirs et leurs besoins.

Comme pour tous les membres du centre émotionnel, la problématique du 2 tourne autour de l’identité.

Sa compulsion du 2 est d’éviter de reconnaitre ses propres besoins.

Le 2 est à côté du centre instinctif. Le centre mental est celui qu’il utilise le moins ; il le remplace par son préféré, l’émotionnel.

La compulsion du 2 et son origine

À la place de ses propres besoins, le 2 va en permanence chercher à reconnaitre les besoins des autres, et comme il est suffisamment proche du centre instinctif, à les satisfaire, qu’ils soient exprimés ou non. Il pense ainsi gagner leur affection.

Dès qu’il agit, le 2 privilégie les relations personnelles. Cela fait de lui quelqu’un de serviable, de compatissant et de chaleureux. Dès qu’il repère une possibilité d’aider les autres, il ne réfléchit pas, il fonce le faire. Mais cette aide est bien souvent limitée à ceux qui lui sont proches ; le 2 n’est pas forcément impliqué dans des causes humanitaires.

Toujours prêt à aider, attentif au moindre désir des autres, il ne condamne pas. Il soutient. Il est ainsi souvent un confident apprécié. Mais il peut aussi varier ses comportements selon les personnes et à ne plus trop savoir qui il est.

Le 2 est un séducteur ; il cherche à plaire. Quand il communique avec d’autres personnes, il cherche le contact physique et émet force compliments qui vont parfois jusqu’à la flatterie. Il aime donner des conseils.

Pour le 2, l’amour ne peut être qu’inconditionnel. Soit il aime une personne totalement et tout peut être dit et partagé. Soit il n’a pas de relations avec cette personne.

Le 2 cherche systématiquement la présence des autres. La solitude lui pèse et l’effraie à cause de son manque de vie émotionnelle intérieure. Il est très sensible à la critique. Si on rejette son aide, ses conseils ou ses cadeaux, c’est comme si on le rejetait lui, et c’est alors une souffrance et une angoisse profonde.

La passion du 2 est l’orgueil. Il tire fierté à la fois de ce qu’il fait pour les autres et de sa propre absence de besoins. Il pense que les autres se débrouilleraient beaucoup moins bien dans la vie s’il n’était pas là pour les aider de ses conseils et de ses actes. Il est fier de n’avoir besoin de rien ni de personne.

Quoi qu’il en dise, le 2 aimerait que les autres soient plus reconnaissants de ce qu’il fait pour eux, des sacrifices qu’il consent pour leur bien. Il lui arrive de les trouver égoïstes.

Dans ses relations privées, il essaiera de garder le contrôle de la relation en satisfaisant les besoins de l’autre personne. Il va fusionner avec les sentiments de l’autre. Il peut se montrer jaloux, possessif et très protecteur. Il sait aider l’autre à donner le meilleur de lui-même et à réussir.

Dans sa vie privée comme dans son travail, le 2 aime être l’éminence grise d’une personne importante et puissante dont il sait repérer toutes les potentialités.

Son mécanisme de défense est la répression. Ce n’est pas qu’il ne veuille pas accepter des relations symétriques lui permettant de satisfaire ses besoins ; c’est qu’il n’a pas de besoins personnels. Jeune enfant, le 2 n’était généralement aimé que s’il faisait plaisir. Il a donc vite appris à repérer les désirs de ses parents et à faire ce qu’il fallait pour les satisfaire. Il a pu aussi avoir des parents émotionnellement fragiles, qu’il a d’une certaine manière pris en charge.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 2 ne peut plus supporter de ne pas aider les autres. Il les manipule pour tenter de les rendre dépendants de lui. Il les culpabilisera aussi à propos de leur manque de reconnaissance à son égard. C’est le tortionnaire déguisé en victime.

Il est important ici de se souvenir que le 2 est éloigné de son centre mental et que sa manipulation n’est pas le résultat d’une réflexion, le fruit d’une volonté consciente.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les aspects négatifs du 8. Son attitude manipulatrice l’a conduit à être rejeté par les autres. Il exercera alors toute sa puissance, mobilisera toute son énergie pour en tirer vengeance : cela peut aller de la calomnie à la violence physique.

Intégration de la personnalité

Si la compulsion est maitrisée, le 2 apprend à s’aimer lui-même et à aider les autres de façon réellement désintéressée. Il passe d’une fausse à une véritable humilité. C’est alors quelqu’un de profondément aidant et généreux.

Si le mouvement se poursuit, le 2 acquiert les qualités du 4. Il devient capable de reconnaitre et d’apprécier ce qu’il y a d’unique en lui. Il prend enfin conscience des sentiments négatifs qu’il y avait en lui et devient capable de les accepter. Il pourra alors nouer avec les autres des relations profondes et authentiques. Souvent, il manifeste les qualités artistiques du 4.

Les ailes

Si le 2 a une aile 1, les deux types se fortifient mutuellement sur le plan du respect de principes moraux ; mais ils se contredisent sur le plan de la communication, réservée chez le 1, chaleureuse chez le 2. L’aile va accroître la tendance du 2 à donner des conseils.

S’il a une aile 3, les capacités des deux types à se lier très facilement aux autres se renforcent mutuellement. Aux critères humains du 2 peuvent s’ajouter les critères de réussite sociale du 3.

Quelques exemples

Une de nos amies envisage un jour d’acheter un micro-ordinateur. Elle décide de se rendre dans un magasin que nous ne connaissons pas et qu’elle apprécie. Nous savons par ailleurs qu’elle n’a aucune compétence en ce domaine et que cette acquisition l’angoisse un peu. L’un de nous, dont la première profession fut l’informatique, lui propose de l’accompagner pour l’aider dans son choix.

Accepter aurait été reconnaitre un besoin personnel, c’était donc absolument impossible. Notre amie s’est complètement figée et est restée ainsi près de quinze secondes sans dire un mot. Puis, elle a répondu : « Si cela vous fait plaisir de découvrir ce magasin, vous pouvez m’accompagner. » Ainsi, elle avait, en une phrase, transformé la satisfaction d’un de ses besoins en la satisfaction d’un des nôtres. Fort.

Jean-Pierre Tarot, anesthésiste, parle de son métier : « J’ai privilégié un lien relationnel avec cet homme. (...) Il m’est arrivé une fois, n’étant pas disponible, de déléguer l’injection du soir à quelqu’un d’autre. Bizarrement les effets n’ont pas été les mêmes, la nuit n’a pas été aussi bonne. Je ne vois pas d’autre explication que la part relationnelle d’une attitude thérapeutique. Dans la douleur, il y a une composante organique, il y a une composante psychologique, et il y a aussi une composante relationnelle. »

Environ une page plus loin : « Dans la plupart des conflits que j’ai avec des chirurgiens, c’est parce que je me mets à la place du patient. »

Et un peu plus loin encore : « Je tranche là encore avec le même repère en me mettant à la place du patient. »

Ennéatype 2 – Ennéatype 3

Pourquoi peut-on les confondre ?

Amical, sociable, enthousiaste. Soigne son image. Aime l’approbation, la reconnaissance, l’admiration. Peut cacher sa vulnérabilité derrière une façade de confiance en soi. Des difficultés à exprimer des sentiments négatifs.

Ce qui les distingue

Le 2 veut être apprécié pour sa générosité, le 3 pour ses réalisations et succès. Le 2 se sent exister par ses relations aux autres, le 3 par son travail. Le 2 peut parfois présenter des manifestations émotionnelles débordantes et être dramatique, le 3 est relativement dans la retenue émotionnelle. Le 2 aime parler de ses sentiments, le 3 aime parler de ses objectifs. Le 2 aime souvent aller au bout de ses sentiments, le 3 évite les sentiments forts.

Ennéatype 2 – Ennéatype 4

Pourquoi peut-on les confondre ?

La relation à l’autre a une grande importance. Grande sensibilité au rejet. Peut être dramatique, possessif, jaloux. Souvent de la culpabilité.

Ce qui les distingue

Le 2 se concentre sur l’autre, le 4 se centre sur lui-même. Le 2 tente de cacher sa tristesse, le 4 l’exhibe. Le 2 a tendance à vouloir entrer en contact, le 4 est souvent en retrait. Le 2 s’exprime en donnant aux autres, le 4 en communiquant ses sentiments.

Ennéatype 2 – Ennéatype 5

Pourquoi peut-on les confondre ?

Parce que ça nous parait assez difficile...

Ce qui les distingue

Le 5 ne s’implique pas dans les relations, le 2 est très impliqué dans les relations.

Ennéatype 2 – Ennéatype 6

Pourquoi peut-on les confondre ?

Amical et montrant de la compassion. Donnant de l’aide et des conseils. Sensible à la critique. Veut être aimé et peut se subordonner à l’autre. Peur de l’abandon.

Ce qui les distingue

Le 2 veut par-dessus tout qu’on l’aime, le 6 veut par-dessus tout qu’on le protège. Le 2 est flatteur, le 6 est soupçonneux face à la flatterie (bien qu’il puisse parfois l’utiliser). Le 2 a besoin de sentir que sa décision est la bonne, le 6 a besoin de l’avoir analysé. Le 2 se centre sur le positif, le 6 imagine le pire. Le 2 fait facilement confiance, le 6 teste avant d’accorder sa confiance.

Ennéatype 2 – Ennéatype 7

Pourquoi peut-on les confondre ?

Enthousiasme, optimisme et idéalisme. Aimant motiver les autres. Charmeur et séducteur. Spontané.

Ce qui les distingue

Le 2 se centre sur la vie de l’autre, le 7 sur ses propres projets. Le 2 veut que les gens se sentent à l’aise pour lui raconter leurs problèmes, le7 est mal à l’aise d’écouter les problèmes des autres. Le 2 veut se rendre indispensable, le 7 ne veut pas qu’on dépende de lui. Le 2 essaie d’avoir du tact, le 7 peut être relativement « sans gants ». Le 2 abandonne son centre d’intérêt au profit de la relation, le 7 reste attentif à son propre intérêt.

Ennéatype 2 – Ennéatype 8

Pourquoi peut-on les confondre ?

Les 2 types se trouvent de part et d’autre d’une flèche : le 8 s’intègre en 2, le 2 se désintègre en 8.

Ce qui les distingue

Le 2 obtient ce qu’il désire par la séduction et la manipulation, le 8 par l’intimidation.

Ennéatype 2 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Empathie, générosité. Difficultés à s’imposer et à exprimer de la colère. Dépend de l’autre pour se sentir bien. Est accommodant avec son partenaire.

Ce qui les distingue

Le 2 peut être dramatique, le 9 reste relativement réservé et calme. Le 2 fait connaitre ses sentiments relativement facilement, le 9 garde ses sentiments pour lui. Le 2 se préoccupe souvent d’une personne à la fois, le 9 fusionne avec ce que la situation demande : personne ou groupe. Le 2 a confiance en lui et se préoccupe de son image, le 9 semble modeste et sans prétention.

Ennéatype 3

Compulsion Évite l’échec
Passion Mensonge
Mécanisme de défense Identification
Image de soi « Je réussis ; je suis efficace »
Vertu Vérité
Apport Capacité à réaliser et à réussir

Situé au centre de la triade 2-3-4, le 3 préfère le centre émotionnel. Il essaie de trouver un équilibre entre l’utilisation intérieure et extérieure de ce centre, et par conséquent, c’est aussi celui qu’il réprime. Il utilise le centre émotionnel à la place des centres mental et instinctif. À l’inverse, quand il s’agit d’utiliser le centre émotionnel pour se relier aux autres ou se connecter à ses propres émotions, le 3 se sert soit du centre mental, soit du centre instinctif.

À l’instar des autres membres du centre émotionnel, les difficultés du 3 sont liées à la définition de son identité.

La compulsion du 3 est d’éviter les échecs.

La compulsion du 3 et son origine

Le 3 va en permanence chercher à accumuler des succès parce qu’il considère que ce sont ses réussites qui font sa valeur. Il cherche non des réussites personnelles, mais des succès qui soient reconnus par les autres.

Enthousiaste, plein d’énergie, le 3 est très entreprenant : il sait et aime mener plusieurs activités en même temps. Il manifeste une immense volonté d’aboutir. Cela l’amène à être un organisateur précis et efficace : il fixe des objectifs définis et détaillés, planifie les tâches à faire et précise surtout de manière très explicite ce que seront les critères d’évaluation en fin de projet.

Dans ce cadre, le 3 attend des autres la même implication et la même efficacité. Il ne peut pas supporter l’incompétence ou l’indifférence des gens qui travaillent avec lui. Comme ses projets sont toute sa vie, il pense qu’il doit en être de même des autres. Le 3 est un collègue ou un responsable extrêmement strict sur ces points. Par contre, si le travail est bien fait, il sera accommodant et agréable.

Son goût immodéré du succès l’amène à ne s’impliquer que dans des entreprises où le succès est socialement visible, rapide et certain. Il n’aime guère les activités à très long terme ni les risques.

Il n’aime pas non plus les vacances ou les week-ends. Il ne sait alors pas trop quoi faire et cela l’angoisse. Il se peut qu’il fasse un peu de sport car l’exercice lui permet d’améliorer son apparence physique. Sinon, soit il emmène du travail, soit il s’implique dans une nouvelle activité, comme l’animation d’un club, où il peut satisfaire à la fois sa boulimie d’activité et son désir de paraitre.

Comme il préfère le centre émotionnel, le 3 comprend bien les sentiments et les besoins des autres. Mais comme il réprime aussi ce même centre, il n’exprime pas ses propres sentiments, mais ceux qui lui permettent de mieux vendre ses projets. À tout moment de sa vie, il a un objectif en tête et agit en conséquence.

En compagnie, le 3 est un individu plaisant : il parle beaucoup, de manière brillante et animée, si c’est ce que l’on attend de lui.

Ce souci excessif de l’apparence fait que le 3 est plus souvent en représentation qu’il n’est lui-même. Quoi qu’il fasse, il est l’image idéale du rôle. Sa passion est le mensonge.

Bien évidemment, le 3 se ment autant qu’il ment aux autres. Son mécanisme de défense est l’identification. Ce n’est pas qu’il joue un rôle ; c’est qu’il est ce rôle ; et d’ailleurs, il l’a toujours été. Il a une mémoire très sélective : il oublie ses échecs éventuels et tout ce qui, dans son passé, n’est pas en conformité avec le personnage qu’il est maintenant.

Dans les relations privées, le 3 manifeste la même tendance. Il cherche le partenaire approprié à son rôle, physiquement et/ou socialement. Il a une difficulté certaine à entrer en contact avec ses émotions, et essaie d’être le partenaire que l’autre personne attend. Il peut ainsi être amené à entretenir une relation superficielle et à l’abandonner si ce n’est pas possible. Bien souvent, il privilégie ses projets à la relation. Par contre, s’il s’implique réellement, il sera un partenaire très aidant.

Enfant, le 3 a souvent eu des parents – une mère notamment – qui lui manifestaient de l’amour s’ils étaient fiers de lui. Aujourd’hui, par ses réalisations, il cherche à obtenir de nouveau cette admiration reçue dans son enfance.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 3 devient de plus en plus opportuniste. Il est prêt à tout pour réussir : pour lui, la fin justifie les moyens, et le mensonge reste son moyen privilégié. Il est haineux et jaloux des succès des autres.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les aspects négatifs du 9. Pour éviter les échecs, il cesse d’agir. Mais ainsi, il ne connait plus de succès. Pour ne pas sombrer dans le désespoir, il se coupe encore un peu plus de ses émotions.

Intégration de la personnalité

Si la compulsion est maitrisée, le 3 acquiert la vertu d’honnêteté. Prenant conscience de sa compulsion, il est capable de mettre toutes ses qualités d’énergie et d’enthousiasme à la combattre. Ainsi, tout en gardant sa capacité de réussir, il devient quelqu’un de vrai.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert alors les qualités du 6. Il tient compte des autres, tant dans sa vie privée que professionnelle. Il devient loyal vis-à-vis des groupes auxquels il appartient. Il cherche et obtient des succès qui durent.

Les ailes

L’aile principale du 3 permet de déterminer le centre qu’il utilise à la place du centre émotionnel pour se connecter aux autres. Comme pour tous les membres du triangle 3-6-9, sa détermination est donc fondamentale.

S’il a une aile 2, elle lui apporte une meilleure compréhension des sentiments et des besoins des autres. Dans ce cas, il utilise dans ses relations le centre instinctif à la place du centre émotionnel. Le contact lui est facile et il sait bien entrainer les autres dans ses projets.

S’il a une aile 4, elle l’aide à être plus en contact avec ses sentiments et le pousse un peu au retrait. Il utilise alors le centre mental à la place de l’émotionnel dans ses contacts avec les autres. Il est alors un peu moins extraverti, mais plus sérieux et moins superficiel.

Quelques exemples

Après avoir écouté la description du type 3, un de nos stagiaires nous a dit : « Quand je suis sur un chantier, j’enlève ma cravate, je relève mes manches et je suis avec l’ouvrier. Je peux boire un pastis avec lui, être ensuite à genoux avec un prêtre, et prier et le soir, mettre un smoking et boire une coupe de champagne au Lido avec un PDG. »

Une autre stagiaire a vivement réagi à l’importance du court terme pour le 3 : « Une grosse entreprise me propose un contrat très important, sur trois ans, représentant cinquante pour cents de mes bénéfices. Elle ne veut que moi. Mais trois ans, cela me fait peur. C’est terrifiant, j’en dors très mal la nuit. Un juriste est en train de me préparer un contrat, renouvelable tous les ans par tacite reconduction et pouvant être dénoncé avec un délai de six mois. »

L’acteur Michael Douglas semble manifester les traits typiques du 3. Quand la revue Psychologies lui consacre un article, elle utilise comme sous-titre sa déclaration : « Ce ne sont ni l’argent, ni la gloire qui me font courir, mais la peur d’échouer. » Il est décrit comme quelqu’un qui a connu les problèmes d’identité du 3 et qui, ne sachant pas les résoudre, a un temps vécu le mécanisme de narcotisation de son type de désintégration, le 9 : « Je voulais être moi ! » dit-il. Il n’y arrive pas. Fuite en avant, drogue et saleté lui servent de masque.

Pour s’en sortir, Michael Douglas « travaille dur » et régulièrement. En bon 3, la réussite sociale lui semble importante : « Aujourd’hui, je sais qu’un jour viendra où mon fils (...) rentrera de l’école en disant : Papa, on ne m’aime que parce que je suis ton fils. »

Ennéatype 3 – Ennéatype 4

Pourquoi peut-on les confondre ?

Ils ne se ressemblent pas beaucoup...

Ce qui les distingue

Le 3 est dans le « faire », le 4 est dans l’émotion.

Ennéatype 3 – Ennéatype 5

Pourquoi peut-on les confondre ?

Le 3 se prend parfois pour un 5, car il manque d’accès à son moi profond et ressent un vide intérieur fort.

Ce qui les distingue

Il est en général le seul à faire la confusion !

Ennéatype 3 – Ennéatype 6

Pourquoi peut-on les confondre ?

Responsable et plein d’énergie. Ayant de grandes attentes pour lui et les autres. Objectif, opiniâtre et aimant contrôler la situation. Souvent surmené et ayant du mal à relâcher la pression.

Ce qui les distingue

Le 3 se centre sur ses objectifs personnels, le 6 sur leur devoir envers un groupe ou une cause. Le 3 est confiant est optimiste, le 6 est anxieux et pessimiste. Le 3 s’intéresse plus à ce qui peut être fait qu’à ce qui ne va pas, le 6 s’attarde sur les erreurs et prévoit le désastre. Le 3 expédie les choses à faire, le 6 tergiverse et hésite. Le 3 peut avoir du mal à travailler en équipe si cela nuit à son efficacité, le 6 prend plaisir à participer à un travail de groupe. Le 3 évite souvent la confrontation directe, le 6 y fonce s’il est contre-phobique.

Ennéatype 3 – Ennéatype 7

Pourquoi peut-on les confondre ?

Actif, optimiste et aimant aller vite. Amical et parfois superficiel. Charmeur, à la recherche de l’admiration et de l’attention. Mal à l’aise avec des gens malheureux ou déprimés. Tendance à se retirer si la relation devient trop intime. Aimant relever des défis.

Ce qui les distingue

Le 3 a toujours de nouveaux objectifs pour travailler, le 7 fait toujours des plans pour de nouvelles aventures. Le 3 est parfois un peu réservé, le 7 n’a pas d’inhibition et est impulsif. Le 3 est conformiste, le 7 en dehors des conventions et refusant l’autoritarisme. Le 3 peut avoir plusieurs projets à la fois et chercher à tous les réaliser, le 7 a aussi plusieurs projets mais peut en laisser certains inachevés.

Ennéatype 3 – Ennéatype 8

Pourquoi peut-on les confondre ?

Beaucoup d’énergie et d’enthousiasme. Ambitieux et parfois fou de travail. Aimant prendre des responsabilités et le leadership, en motivant les autres. Autonome. Tendance à cacher ses faiblesses.

Ce qui les distingue

Le 3 cherche à être admiré, le 8 cherche à être respecté. Le 3 est assez conformiste, le 8 est fier d’être individualiste et non conformiste. Le 3 a une certaine réserve, le 8 est bruyant, exubérant. Le 3 use de diplomatie pour éviter le conflit, le 8 n’a pas peur de choquer et d’aller à l’affrontement. Le 3 peut manipuler les autres pour les faire travailler plus, le 8 se moque d’avoir une image de gentil.

Ennéatype 3 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Les deux types se trouvent de part et d’autre d’une flèche : le 9 s’intègre en 3, le 3 se désintègre en 9.

Ce qui les distingue

Le 3 est centré sur son objectif, le 9 ne sait pas trop ce qu’il veut faire.

Ennéatype 4

Compulsion Évite la banalité
Passion Envie
Mécanisme de défense Introjection, sublimation
Image de soi « Je suis différent ; je suis sensible »
Vertu Harmonie, contentement
Apport Sens du beau

Dernier membre de la triade 2-3-4, le 4 préfère le centre émotionnel. Il en utilise l’énergie vers l’intérieur, pour se connecter à ses propres émotions. Par ce moyen, il cherche à résoudre les questions qu’il se pose, comme tous les membres du centre émotionnel, à propos de son identité.

La compulsion du 4 est d’éviter la banalité, de fuir tout ce qui est ordinaire.

Le 4 est à côté du centre mental. Il est éloigné du centre instinctif qu’il utilise peu, préférant le remplacer par son centre favori, l’émotionnel.

La compulsion du 4 et son origine

Le 4 cherche en permanence à être unique dans son travail, son cadre de vie, ses vêtements... et surtout ses émotions. Il a constamment besoin de vivre des émotions intenses, excessives. Cela seul lui donne le sentiment d’être réellement vivant.

Le 4 veut se différencier de la masse des autres gens. Mais il ne veut pas consciemment faire partie d’une élite quelconque, car une différence reconnue est-elle encore une différence ?

Pour affirmer son caractère unique, le 4 cherche parfois à transgresser les règles. Il peut se sentir bien aux frontières de la loi, mais il n’ira généralement pas au-delà.

Il est persuadé d’être une personne différente des autres, de vivre un drame unique que les autres ne peuvent pas comprendre. Il souffre profondément de cette solitude émotionnelle. Le 4 a tendance à détecter immédiatement dans une situation ce qui ne va pas bien, et tout ce qui serait bien mais qui n’est pas présent. Il est pénétré du caractère tragique de la vie.

Pour essayer malgré tout de faire comprendre ce qu’il ressent, le 4 a recours à une communication symbolique. Par exemple, pour exprimer tel jour à sa femme toute sa douleur, il va choisir très précisément la cravate qui traduit le mieux son ressenti. Bien entendu, les symboles du 4 ne sont jamais compris par les autres, ce qui ne fait que lui confirmer leur incapacité totale à se rendre compte de ses tourments.

Le 4 a peur d’être rejeté par les autres... et il se sent rejeté par eux. Son humeur est changeante ; mais le plus souvent, il est mélancolique et volontiers dépressif.

Il est fréquemment considéré comme quelqu’un dont le charme est réel, mais apprêté. Sa communication non verbale confirme souvent cette distance par un sourire un peu hautain ou un regard un peu ironique.

Le 4 sait bien qu’on ne le trouve pas naturel ; il fait alors de gros et inutiles efforts pour être simple et authentique. Il répète très soigneusement ce qu’il veut exprimer, ce qui aggrave un peu plus le problème. De toute façon, quand il doit parler, les mots lui paraissent toujours insuffisants, et il a tendance à hésiter avant de prononcer un mot ou à ne pas terminer ses phrases.

Cette volonté d’être naturel se manifeste parfois dans sa manière de se vêtir. Pour être différents, certains 4 privilégient des tenues excentriques, tandis que d’autres pourront passer énormément de temps à construire une tenue qui se veut tout simplement naturelle et que les autres trouvent banale.

La conscience omniprésente de sa propre souffrance rend le 4 sensible à celle des autres, et cette compassion est appréciée.

Le 4 est généralement sensible à la beauté ; il sait la percevoir, mais aussi la créer. Il est original et créatif. Il a un imaginaire riche et tend à le préférer à la réalité qu’il trouve décevante.

Dans le domaine de l’action, le 4 est capable de s’impliquer fortement dans une tâche et est généralement déçu par le résultat ; il a alors tendance à se mettre en retrait.

Dans ses relations privées, il attire les autres, mais ne se découvre qu’avec difficulté, par peur d’être une fois de plus rejeté. Il est handicapé par les problèmes émotionnels déjà cités : recherche permanente d’émotions excessivement fortes, plutôt négatives, difficulté à vivre l’instant, tendance à percevoir ce qui est négatif.

Le 4 cherche à se rassurer en testant en permanence la relation, et il est rare qu’il trouve que l’autre personne soit assez aimante. Parfois, sa peur d’être rejeté le conduit à interrompre une relation le premier, de façon à éviter la souffrance que représenterait une rupture de la part de l’autre.

Pourtant, le 4 est persuadé que seul un amour particulier lui permettra d’être enfin compris, de commencer à vivre enfin vraiment. S’il réussit à s’engager réellement dans la relation, il y est très fortement impliqué, exigeant de jouer un rôle unique dans la vie émotionnelle de son partenaire. Il est sensible aux capacités esthétiques de l’autre et de la relation et sait les développer. Il est passionné.

Sa passion est l’envie. Il a peur d’être abandonné pour quelqu’un de plus spécial que lui ; il est jaloux de ceux dont il pense qu’ils ont plus de style que lui. Cette envie peut être une source de motivation.

Le mécanisme de défense du 4 est l’introjection. La moindre chose que l’on peut dire sur lui le blesse, et pourtant, il fait siennes ces critiques réelles ou imaginaires. Il utilise aussi beaucoup la sublimation, utilisant l’énergie de ses émotions dans l’expression artistique.

Jeune enfant, le 4 s’est souvent senti abandonné par un parent. Parfois, il est né dans une famille qui vivait à ce moment-là un fort chagrin. Il a ressenti dans son enfance une colère forte vis-à-vis de ses parents qu’il a retournée contre lui-même.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 4 devient de plus en plus dépressif. Il manque toute occasion de réussir quoi que ce soit dans sa vie. Il se fait d’incessants reproches et il se retire de plus en plus.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les aspects négatifs du 2. Il va se tourner vers les autres et rechercher désespérément leur approbation et leur amour. En même temps, il leur en veut de cette dépendance.

Intégration de la personnalité

Si la compulsion est maitrisée, le 4 a appris à se connecter à son inconscient et à l’ensemble de ses émotions. Il laisse aller librement sa créativité et devient capable de trouver la beauté dans les divers moments de la vie et de l’exprimer. Il apprend à se satisfaire de ce qu’il a et découvre les vertus du type qui sont l’harmonie et le contentement.

Si le mouvement se poursuit, le 4 acquiert alors les qualités du 1. Il découvre son centre instinctif. Il devient capable de vivre dans la réalité et dans le présent. Il agit en liaison avec des valeurs fortes.

Les ailes

Si le 4 a une aile 3, elle lui apporte un peu d’intérêt pour le monde extérieur et une certaine capacité à agir. Les deux types ont un fort intérêt pour leur image extérieure, quoique pour des raisons différentes. Il y a conflit entre la piètre image de soi du 4 et la bonne image de soi du 3.

S’il a une aile 5, la tendance du 4 au retrait et sa connexion au centre mental sont renforcées par l’aile. Il y a conflit entre le désir du 4 de vivre des émotions fortes et la volonté du 5 d’éviter ou de rationaliser les émotions.

Quelques exemples

La phrase bien connue de Groucho Marx : « Je n’accepterai jamais de faire partie d’un club qui m’accepterait comme membre » est caractéristique de la volonté des 4 de faire partie d’une élite qui ne soit pas reconnue.

Une de nos amies, une merveilleuse 4, a exprimé cette recherche de la personne unique qui la comprendra. Elle nous a raconté : « À une certaine période de ma vie, je croyais avoir trouvé le véritable ami. » Elle avait alors écrit : « Maintenant, j’ai un ami auquel je me confie, car lui seul possède la patience de m’écouter comme j’aime qu’on m’entende. Il répond à mon appel, il me comprend, il m’aide à vivre mon insupportable vie banale. »

La même personne écrit des poèmes, dont nous ne pouvons malheureusement que citer des extraits. Mais ils expriment si bien et de manière si émouvante le désir de relation du 4 :

« Ma place reste inoccupée dans l’affection des autres. Sur ma carte d’entrée j’inscris « sincérité » et je demeure là, la main tendue. Personne ne la valide. »

et ses efforts de communication parfois symbolique :

Contact

« Lorsque les moyens de communication t’échappent, que reste-t-il à rapporter ? Je raccroche le récepteur, je me renvoie mon message et me parle à moi-même. J’exprime un langage sourd-muet. Le perçois-tu ? Je tends la main, je saisis un crayon et recompose un numéro machinalement. J’appelle. Je reste inaudible. J’écris. Je demeure illisible. Mes signes manquent leur portée. Ils s’effacent devant la réserve. Ils s’estompent. Ma main se retranche du monde. Elle s’articule dans le vide. J’empoigne le néant. »

Ils montrent aussi sa recherche d’identité, son désir de fusion avec une autre personne et la crainte de s’y perdre :

« Je me demande à quoi l’alter ego ressemble ou si tu préfères l’âme sœur, mon frère. On cherche à rencontrer un autre soi-même et je me pose la question : qu’en serait-il de mon identité si un jour je croisais mon autre moi-même ? Se pourrait-il qu’il m’aide à me comprendre ? »

Ennéatype 4 – Ennéatype 5

Pourquoi peut-on les confondre ?

Original et créatif. Tendance à être non conventionnel ou même excentrique. Très sensible à la critique. À l’écart et parfois solitaire, mal à l’aise en société.

Ce qui les distingue

Le 4 est dans l’émotion et l’humeur du moment, le 5 est calme et objectif. Le 4 cherche à faire monter l’intensité émotionnelle dans une relation, le 5 cherche une relation stable et sans remous. Le 4 veut exprimer ses sentiments et être compris, le 5 est mal à l’aise pour exprimer ses sentiments et les garde pour lui. Le 4 s’implique avec les autres, le 5 reste à distance, même dans l’intimité.

Ennéatype 4 – Ennéatype 6

Pourquoi peut-on les confondre ?

Chaleureux et dans la compassion. Analysant et remettant en cause ses motivations et sentiments, ainsi que ceux des autres. Peur de l’abandon. Très sensible, se sentant facilement incompris, sujet au sentiment de honte ou de culpabilité.

Ce qui les distingue

Le 4 cherche à créer des relations intenses, le 6 des relations sécurisantes. Le 4 fait confiance à ses sentiments, le 6 raisonne pour vérifier ses impressions. Le 4 a souvent une voix calme et parfois triste, le 6 a souvent une voix dans laquelle la nervosité résonne. Le 4 est enclin à la dépression, le 6 est enclin à l’anxiété.

Ennéatype 4 – Ennéatype 7

Pourquoi peut-on les confondre ?

Imaginatif et expressif. Oscillant entre le plaisir d’être engagé et la volonté d’indépendance. Cherchant l’intensité, non conformiste, idéaliste. Goût de la démesure. Tendance à fantasmer une relation amoureuse idéale.

Ce qui les distingue

Le 4 souhaite être en connexion émotionnelle à l’autre, le 7 préférera souvent parler de ses aventures. Le 4 peut se complaire dans les idées noires, la souffrance et la peine, le 7 cherche la nouveauté et le bonheur et évite ce qui est désagréable. Le 4 est dur envers lui-même, le 7 s’aime bien. Le 4 est souvent mal à l’aise en groupe, le 7 y est à l’aise. Le 4 se rappelle avoir eu une enfance triste ou difficile, le 7 se rappelle avoir eu une enfance heureuse.

Ennéatype 4 – Ennéatype 8

Pourquoi peut-on les confondre ?

La confusion nous semble difficile...

Ce qui les distingue

Le 8 ne montre pas d’états d’âme, le 4 en affiche tout le temps.

Ennéatype 4 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Chaleureux et dans la compassion. Évitant le conflit et la confrontation. Sensible à la critique. Têtu et résistant. Parfois des difficultés à prendre des décisions.

Ce qui les distingue

Le 4 est théâtral, le 9 est calme. Le 4 a souvent un style décalé, le 9 est plutôt conventionnel à ce niveau. Le 4 voudrait que les choses soient différentes de ce qu’elles sont, le 9 accepte le monde tel qu’il est. Le 4 accuse et provoque si on l’ignore, le 9 se retire et s’oublie dans une autre occupation. Le 4 tient à sa mélancolie, le 9 a tendance à réprouver ce sentiment.

Ennéatype 5

Compulsion Évite le vide intérieur
Passion Avarice
Mécanisme de défense Isolation
Image de soi « Je sais ; je comprends »
Vertu Désintéressement
Apport Connaissance, précision

Le 5 préfère le centre mental, et dans la triade 5-6-7, il est celui qui l’utilise dans le monde extérieur. Bien qu’étant en retrait sur lui-même, il cherche à comprendre comment le monde extérieur fonctionne.

Comme tous les membres du centre mental, le 5 a une problématique liée à la peur et c’est chez lui une peur du monde extérieur.

Sa compulsion est d’éviter le vide intérieur.

Il est à côté du centre émotionnel et éloigné de son centre instinctif qu’il remplace volontiers par le centre mental.

La compulsion du 5 et son origine

Pour éviter le vide intérieur, le 5 cherche en permanence à acquérir des connaissances. Il pense que le monde a un sens et il cherche à le comprendre. Pour lui, il n’y a qu’une chose véritablement importante dans la vie : savoir. Tout est intéressant à connaitre.

Quand le 5 s’intéresse à un sujet, il souhaite tout connaitre sur ce thème et a donc l’impression de n’en connaitre jamais assez. Il est un collectionneur d’informations : s’il s’intéresse à un auteur, il lui faudra en lire tous les ouvrages et il consacrera beaucoup d’énergie à chercher les titres épuisés ou les plus rares. Parfois, il se lance dans une collection au sens habituel du terme.

Qu’il soit avec une personne ou dans un groupe, le 5 parle peu. Il a une excellente qualité d’écoute qui est souvent appréciée des autres. Une des raisons de son silence est qu’il a l’impression de ne pas connaitre à fond le sujet abordé et qu’il craint fort de passer pour un ignorant, ce qui pour lui est synonyme d’imbécile.

Quand tout le monde aura parlé, le 5 pourra alors prendre la parole. Il fera un véritable exposé sur le sujet. Il excelle dans ce genre d’exercice : il a une brillante compréhension globale ; sa parole est précise, claire et structurée ; il est concret et impartial ; il sait à l’occasion faire preuve d’un humour un peu acide. Il aura tendance à bien faire comprendre qu’il en connait beaucoup plus qu’il n’en dit.

Ces véritables petites conférences qu’il fait à tout propos sont bienvenues dans certains contextes. Dans d’autres, elles ennuient profondément les auditeurs. Il en déduit que les gens sont vraiment superficiels.

Le 5 considère que l’on doit penser par soi-même. Il ne demandera des renseignements ou de l’aide que s’il ne peut vraiment pas faire autrement.

Coupé de son centre instinctif, il n’aime guère agir. Dans le monde, il est plus observateur qu’acteur, sauf peut-être si l’action lui donne le moyen d’accroître ses connaissances. Physiquement, le 5 est plutôt gauche car pour bouger, faire du sport ou d’autres activités physiques, il utilise son centre mental à la place de l’instinctif.

Les gens trouvent souvent que le 5 manque d’humanité. Sa passion est l’avarice. Il est soucieux de conserver son savoir pour en connaitre un peu plus que les autres. Il est jaloux de son temps qu’il veut garder en priorité pour lui-même afin d’apprendre encore plus.

Le mécanisme de défense du 5 est l’isolation. Proche du centre émotionnel, il ressent des émotions, mais a peur de ses sentiments qu’il ne comprend pas. Il refuse d’y penser et de les exprimer. Pour acquérir sa chère connaissance et pour se protéger du monde extérieur et des sentiments qu’il déclenche en lui, le 5 a tendance à se replier sur lui-même, à se réserver du temps pour apprendre. Il éprouve un véritable besoin de ces moments de solitude studieuse et se sent épuisé s’il n’en dispose pas. Il sépare strictement les différents contextes de sa vie.

Dans les rencontres sociales auxquelles il ne peut échapper, il cherche souvent à se rendre invisible : il peut se fondre dans le décor ou détourner l’attention vers quelqu’un d’autre. C’est l’anti-3. Si sa manœuvre ne fonctionne pas, il fera tout pour ne pas avoir à s’impliquer et surtout il n’exprimera pas ses émotions.

Dans les relations privées, le 5 a besoin de bien connaitre les gens avant de commencer à s’impliquer. Il le fera sur le plan mental avant de s’engager émotionnellement : il partagera des idées ou des informations avant de partager ses sentiments.

Il a toujours besoin de moments de retrait pour refaire son plein d’énergie. À cette condition, il s’engage durablement et peut exprimer de manière non verbale beaucoup de tendresse.

Jeune enfant, le 5 s’est soit senti abandonné, soit au contraire, s’est trouvé dans un environnement où il manquait dramatiquement d’intimité.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 5 a de plus en plus peur du monde extérieur. Il le déteste. Il ne supporte pas que ses idées soient mises en cause et peut alors se montrer violent. Il choisit de s’isoler encore plus.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les aspects négatifs du 7. Il se met à agir sans réfléchir. Il commet ainsi plein d’erreurs et se montre incapable d’en tirer une quelconque leçon.

Intégration de la personnalité

Si la compulsion est maitrisée, le 5 apprend à se contenter de ce qu’il sait. Il devient capable d’inventer, de défricher avec succès des sujets nouveaux et ardus. Il vit la vertu du type, la générosité, et sait faire partager son enthousiasme pour les idées.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert alors les qualités du 8. Il apprend à se connecter à son centre instinctif. Il trouve le courage d’agir dans le monde. Il réussit à exercer son pouvoir et devient sûr de lui.

Les ailes

S’il a une aile 4, il y a conflit entre la volonté du 5 d’éviter ou de rationaliser les émotions et le désir du 4 de vivre des émotions fortes. Les deux types sont en retrait.

S’il a une aile 6, les difficultés relationnelles des deux types se renforcent. Il peut y avoir conflit entre l’indépendance du 5 et la dépendance vis-à-vis des autres du 6.

Quelques exemples

Récemment, nous avons fait un exposé sur l’ennéagramme. Parmi les participants, il y avait un 5 ; il a été le seul de l’assistance à ne pas prendre de notes : tout cela était bien simple pour lui.

À la fin, les questions ont été nombreuses et le débat s’est prolongé tard dans la soirée. Au moment de partir, alors qu’il ne restait plus que quelques participants particulièrement curieux, cette personne nous a fait la déclaration type du 5 : « Je dois partir. Merci. J’ai identifié les types de mes parents, ceux de mes frères et sœurs. J’ai tout compris. Au revoir. »

Albert Einstein était selon toute vraisemblance un 5, ayant évolué vers les qualités du 8. Un 5 veut tout savoir : « Je veux savoir comment Dieu a créé le monde. Je ne suis pas intéressé par tel ou tel phénomène, tel ou tel élément. Je veux connaitre Ses pensées ; tout le reste n’est que détails. »

Comme tous les 5, Albert Einstein veut que le monde soit compréhensible et de préférence simple : « La science est la tentative de faire correspondre la chaotique diversité de notre expérience sensorielle à un système de pensée logique. (...) Une théorie est d’autant plus forte que ses prémisses sont simples. »

Ennéatype 5 – Ennéatype 6

Pourquoi peut-on les confondre ?

Compétent et instruit. Ayant un bon sens de l’humour. Jouant souvent l’avocat du diable. Peut se révéler arrogant, cynique, polémique, rebelle. Peut être paranoïaque et négatif.

Ce qui les distingue

Le 5 parle doucement, est réservé et en retrait, le 6 est plus souvent sociable et avenant. Le 5 se comporte de manière égale, le comportement du 6 oscille d’un extrême à l’autre. Le 5 semble souvent calme, le 6 nerveux. Le 5 donne une image de détachement émotionnel, le 6 a des réactions fortes et intenses (surtout le contre-phobique).

Ennéatype 5 – Ennéatype 7

Pourquoi peut-on les confondre ?

Les deux types se trouvent de part et d’autre d’une flèche : le 7 s’intègre en 5, le 5 se désintègre en 7.

Ce qui les distingue

Le 5 aime la profondeur, le 7 aime l’étendue.

Ennéatype 5 – Ennéatype 8

Pourquoi peut-on les confondre ?

Les deux types se trouvent de part et d’autre d’une flèche : le 5 s’intègre en 8, le 8 se désintègre en 5.

Ce qui les distingue

Le 5 est en retrait et observe, le 8 s’implique et agit.

Ennéatype 5 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Évitant le conflit et les situations difficiles. Curieux de récolter des informations. Parle doucement. Passif-agressif.

Ce qui les distingue

Le 5 est à l’écart des autres, le 9 fusionne avec les autres. Le 5 est méfiant et cynique, le 9 crédule et optimiste. Le 5 se fatigue s’il est trop longtemps avec les autres et doit s’isoler, le 9 peut rester longtemps avec un groupe. Le discours du 5 est succinct, celui du 9 est sans fin. Le 5 est concentré, le 9 est distrait facilement.

Ennéatype 6

Compulsion Évite la deviance
Passion Peur
Mécanisme de défense Projection
Image de soi « Je suis loyal ; je fais mon devoir »
Vertu Courage
Apport Loyauté

Situé au centre de la triade 5-6-7, le 6 préfère et réprime à la fois le centre mental dont il essaie d’équilibrer l’utilisation intérieure et extérieure. Il s’en sert à la place des centres instinctif et émotionnel quand il faudrait agir ou se relier aux autres. À l’inverse, quand il serait nécessaire de réfléchir ou de décider, il utilise le centre émotionnel ou le centre instinctif à la place du centre mental.

Comme pour tous les membres du centre mental, la peur est au cœur de la vie émotionnelle du 6.

Sa compulsion est d’éviter la déviance.

La compulsion du 6 et son origine

Le 6 cherche en permanence à respecter les règles et les normes. Ce respect lui semble être le moyen idéal d’obtenir la sécurité. Face aux normes, le 6 est méticuleux et intraitable, et il attend des autres la même attitude.

Il aime être relié à un groupe bien structuré et a tendance à découper le monde en deux parties. Il y a ceux qui font partie du groupe, les bons, avec lesquels il veut vraiment avoir une relation harmonieuse. Pour eux, il est prêt à tous les efforts ; il est accueillant, loyal et serviable. Et puis il y a les autres envers lesquels il éprouve une méfiance certaine et peut se montrer agressif.

En général, le 6 utilise avec les gens le centre mental à la place du centre émotionnel. Cela le conduit à être en réalité plus responsable que chaleureux. Il prend tout au sérieux.

Il utilise aussi le centre mental à la place du centre instinctif. Cela l’amène à être un peu rigide et avoir des difficultés à se lancer dans l’action. Le 6 remet les choses au lendemain, sauf s’il sait avec précision ce qu’on attend de lui. Dès que c’est le cas, il est actif et rapide.

Puisqu’il n’utilise pas le centre mental pour les activités qui le requièrent, le 6 n’est pas un homme de réflexion. Il attache énormément d’importance au fait de prendre une bonne décision, et il a donc des difficultés à en prendre. Il se montre circonspect, indécis et cherche des conseils.

Le 6 est capable de changer d’avis, d’émotions, d’attitudes en un court instant. Il est l’un des types qui se contredit le plus et il est bien souvent un mystère pour les autres et pour lui-même : significativement, il se reconnait dans tous les types de l’ennéagramme, successivement ou en même temps.

Il n’aime guère acquérir de nouvelles connaissances, car un nouveau savoir est une remise en cause de son modèle du monde et une insécurité potentielle.

Il a une relation particulière avec l’autorité, qui peut prendre deux formes. Certains 6 sont soumis et extrêmement respectueux de l’autorité ; ils sont à la recherche d’un leader fort et loyal. Les autres 6 sont en violente opposition avec l’autorité ; ils se rangent systématiquement du côté de l’opprimé.

Mais même dans sa version soumise à l’autorité, le 6 est fréquemment critique vis-à-vis d’elle, en privé du moins. S’il a l’impression que le leader n’a pas été loyal envers lui, il ne l’attaquera pas de front, mais cessera totalement de le soutenir, voire fera ce qu’il peut pour saper son autorité ou faire échouer ses projets.

Dans les relations privées, le 6 est un partenaire loyal, généreux, qui envisage une relation de longue durée. Il est conscient de ses responsabilités : les devoirs passent bien avant le plaisir. Il a du mal à faire confiance à l’autre.

Sa passion est la peur : du présent, du futur, du changement... d’un peu tout. Il envisage le pire : ce qui peut arriver de désagréable, les possibles mauvaises intentions des autres... Face au monde, le 6 est aux aguets : qu’est-ce qui peut se produire ? qu’est-ce qu’on attend de moi ? quelle est la véritable signification de ce qui vient d’être dit ? Personnalité oscillante, le 6 brave parfois agressivement le danger quand il est clairement défini.

Le mécanisme de défense du 6 est la projection. Il attribue aux autres ses propres pensées, ses propres sentiments, ses attitudes.

Jeune enfant, il a souvent eu un père rigide. Parfois, il a eu des parents dont l’attitude était pour lui imprévisible. Il a été puni, peut-être même humilié sans trop savoir pourquoi, et en a déduit qu’il n’était pas possible de faire confiance.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 6 devient de plus en plus craintif. Il peut agir de façon totalement irrationnelle, provoquant ainsi ce qu’il craint et cherche à éviter. Il est aussi de plus en plus dépendant et préfère être maltraité qu’ignoré.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les aspects négatifs du 3. Il devient hyperactif, menteur, offensif et prétentieux.

Intégration de la personnalité

Si la compulsion est maitrisée, le 6 apprend à se faire confiance et à faire confiance aux autres. Il devient quelqu’un de solide, loyal et impliqué. Il fait preuve de courage, la vertu de ce type.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert alors les qualités du 9. Il est émotionnellement stable et indépendant. Il noue avec les autres des relations plus nombreuses et plus vraies.

Les ailes

L’aile principale du 6 nous permet de savoir quel centre il utilise le plus souvent, à la place du centre mental, pour réfléchir et prendre ses décisions.

Si le 6 a une aile 5, il peut y avoir conflit entre la dépendance du 6 et l’indépendance du 5. L’aile lui apporte une intéressante capacité à employer plus convenablement son centre mental. Elle l’amène aussi à se servir du centre émotionnel pour pallier la sous-utilisation du centre mental quand celui-ci devrait être sollicité pour ses attributions.

S’il a une aile 7, elle lui apporte une certaine capacité d’extraversion et un intérêt pour les plaisirs de la vie. Dans ce cas, il remplace le centre mental par le centre instinctif, ce qui lui donne une certaine capacité à agir.

Quelques exemples

Le 6 est craintif vis-à-vis de l’autorité. Nous avons récemment rencontré un 6 qui venait de subir une opération chirurgicale et qui souffrait de ces suites. Il n’osait pas prendre contact avec le médecin qui l’avait soigné, « de peur qu’il ne croie à une critique de son travail. »

Pierre Bérégovoy, le Premier ministre de François Mitterand qui s’est suicidé le 1er mai 1993, manifestait la qualité fondamentale du 6, la loyauté. Sa femme le décrit ainsi :

Journaliste : Qui était vraiment Pierre Bérégovoy ? Quelles étaient ses grandes valeurs ?

Gilberte Bérégovoy : La fidélité. Sa famille. Sa mère, sa grand-mère qui l’avaient élevé. Ses enfants. Ses amis. Et le parti auquel il a consacré cinquante ans de sa vie.

Les mêmes mots reviennent dans la bouche de beaucoup d’autres personnes, dont Serge Moati : « J’ai découvert un homme droit, intègre, rigoureux, fidèle aux êtres, à ses origines et aux engagements de sa jeunesse. »

Profondément dévoué, le 6 fait partie du dernier carré des fidèles :

Gilberte Bérégovoy : Il m’avait toujours dit : « Je serai Premier ministre quand ça ira très mal. »

Et bien évidemment, ce qui peut arriver de pire à un 6, c’est d’être abandonné par ceux à qui il a dévoué sa vie :

Gilberte Bérégovoy : La réaction de ses camarades après la défaite aux législatives a dû lui faire très mal. (...) Il était toujours plus touché par les critiques de ses amis que par celles de ses ennemis.

Ennéatype 6 – Ennéatype 7

Pourquoi peut-on les confondre ?

Avenant, sociable, avec un bon sens de l’humour. Impulsif et nerveux.

Ce qui les distingue

Le 6 aime la sécurité de l’engagement, le 7 garde des options ouvertes et évite de s’engager. Le 6 aime les choses prévisibles, le 7 aime la nouveauté et les surprises agréables. Le 6 contrôle son comportement, le 7 se laisse aller. Le 6 analyse les motivations des autres avec méfiance, le 7 espère juste que l’autre voudra partager son aventure.

Ennéatype 6 – Ennéatype 8

Pourquoi peut-on les confondre ?

La confusion est possible avec le 6 contre-phobique. Épris de justice et de vérité, défendant le faible. Loyal et protecteur. Intimidation, violence, hostilité. Manque de confiance envers les autres. Le monde est dangereux. Contre l’autoritarisme et le conformisme.

Ce qui les distingue

Le 6 peut céder sous la pression, le 8 tente d’intimider sous la pression. Le 6 attaque mais prend des mesures pour se protéger, le 8 va de l’avant. Le 6 peut donner de longues explications ou se répéter pour s’assurer qu’il a été compris, le 8 va droit au but. Le 6 vérifie qu’il a bien pensé à tout, le 8 prend des décisions facilement et instinctivement.

Ennéatype 6 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Les deux types se trouvent de part et d’autre d’une flèche : le 6 s’intègre en 9, le 9 se désintègre en 6.

Ce qui les distingue

Le 6 est méfiant et cherche la protection du groupe, le 9 est confiant et recherche la fusion avec le groupe.

Ennéatype 7

Compulsion Évite la souffrance
Passion Intempérance
Mécanisme de défense Rationalisation
Image de soi « Je suis optimiste ; je suis heureux »
Vertu Tempérance
Apport Joie, optimisme

Le 7 préfère le centre mental, et dans la triade 5-6-7, il est celui qui l’intériorise. Il croit aux plans et aux idées pour résoudre ses problèmes.

Comme pour tous les membres du centre mental, la peur joue un rôle important dans sa vie émotionnelle, et il l’intériorise complètement.

La compulsion du 7 est d’éviter la souffrance morale et physique.

Il est à côté du centre instinctif et éloigné du centre émotionnel, qu’il a tendance à remplacer par le centre mental.

La compulsion du 7 et son origine

Le 7 cherche en permanence à vivre des choses plaisantes, et ce plaisir, il le préfère immédiat. Pour l’obtenir, il emploie deux moyens principaux : il cherche à trouver ce qu’il y a d’agréable dans n’importe quelle situation, et il fait sans cesse des plans sur l’avenir, des rêves de bonne fortune.

Le 7 veut partager avec les autres ses projets de félicité ; il essaie fortement de les impliquer dans le plaisir qu’il trouve ou qu’il envisage de trouver dans la vie. Il pense ainsi charmer les autres et annihiler le risque potentiel qu’ils représentent. Certaines personnes trouvent cela agréable ; d’autres considèrent que le 7 est un peu superficiel ; quelques-uns le prennent pour un fumiste.

Le 7 cherche à éviter les conflits. Il est gai, bavard et foncièrement optimiste, toujours prêt à plaisanter et à remonter le moral. Il peut ainsi donner une impression de chaleur, mais comme il est coupé de son centre émotionnel, il n’y a en fait pas de réel contact.

Si quelqu’un essaie d’aborder avec lui un sujet qu’il juge peu plaisant, le 7 a un véritable don pour détourner la conversation vers des thèmes plus amusants. Si ce n’est pas possible, il se retirera physiquement ou psychologiquement.

La même attitude se retrouve dans le domaine de l’action. Le 7 peut s’impliquer totalement dans une activité si elle lui plaît, y investissant une énergie considérable et travaillant vite et bien. Mais il remet au lendemain les tâches qui ne lui plaisent pas et est capable d’abandonner totalement et soudainement dès que l’activité cesse de l’amuser. Ainsi il se distingue dans ce domaine du 3.

Le 7 pense qu’avoir le choix est un moyen d’avoir toujours au moins une option plaisante possible. Il fourmille d’idées. Il aime exercer plusieurs activités à la fois, étudier plusieurs choses en même temps. Il témoigne d’une grande curiosité intellectuelle. Le 7 est parfois, intellectuellement seulement, un rebelle. Les règles, les contraintes, les lois diminuent son éventail de choix et il déteste cela.

Il se refuse à aller trop loin dans quelque activité que ce soit, de peur de passer ainsi à côté de quelque chose d’agréable. Il a tendance à changer régulièrement de travail, de relation...

Le 7 aime bien voir le bon côté des autres, et uniquement celui-là. Parfois, il peut avoir ainsi quelques surprises désagréables.

Il a parfois un peu de mal à se lancer dans ses relations privées car il a ainsi l’impression de limiter ses choix. C’est un partenaire joyeux qui cherche à partager tout ce qui est agréable dans la vie. Comme d’habitude, il n’aime guère les difficultés et a, dans ces cas, tendance au retrait.

La passion du 7 est l’intempérance. Il lui faut vivre toujours plus de choses plaisantes dans la vie. Et si une chose est agréable, alors plus de cette chose est certainement encore plus agréable. Il exerce sa gloutonnerie aussi bien dans le monde physique que dans le monde intellectuel. Il est incapable de résister si on lui propose quelque chose de plaisant.

Le mécanisme de défense du 7 est la rationalisation. Il est peu en contact avec son centre émotionnel et le remplace par le centre mental. Il trouve une justification rationnelle à tout ce qui le dérange dans son comportement.

Le 7 a bien souvent vécu une enfance heureuse, et brusquement, ce bonheur lui a été enlevé. Il en a tiré une certaine incapacité à aimer les autres, de peur que ce qu’il aime lui soit ôté. Adulte, il n’a guère envie de parler ni de son enfance ni de sa famille.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, la recherche de plaisir du 7 devient frénétique. Il est perpétuellement en mouvement. Il est prêt à tout pour obtenir ce qu’il pense pouvoir lui procurer du contentement et surtout à ignorer les besoins des autres.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les aspects négatifs du 1. Il juge et critique les autres, devient coléreux et fortement agressif.

Intégration de la personnalité

Si la compulsion est maitrisée, le 7 découvre la tempérance qui est la vertu du type. Il apprend à aller plus au fond des choses. Il reste toujours aussi joyeux et apprend en plus à réaliser ses projets. Il accepte le monde tel qu’il est réellement.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert alors les qualités du 5. Il apprend à prendre un peu de distance, à ralentir son rythme et à réfléchir avant d’agir. Il s’ouvre au monde à l’extérieur de lui, accepte de le considérer dans son intégralité, ce qui est plaisant et aussi ce qui ne l’est pas. Il devient capable de s’impliquer.

Les ailes

S’il a une aile 6, elle lui apprend à s’intéresser un peu aux autres et non pas simplement aux expériences agréables qu’il peut vivre. Cela peut aller du partage à la dépendance, de la confiance au soupçon, selon le niveau d’intégration de la personnalité.

S’il a une aile 8, les tendances agressives des deux types se renforcent. L’aile 8 apporte la confiance en soi, excessive ou non.

Quelques exemples

Le cinéaste Alain Resnais manifeste le goût du 7 pour le plaisir et le jeu :

Journaliste : Avez-vous l’impression que le Resnais d’aujourd’hui est plus ludique que le Resnais d’hier ? Exception faite de L’Amour à mort, bien sûr.

Alain Resnais : C’était un jeu aussi, L’amour à mort ! Un jeu de composition musicale que je n’ai pas su présenter comme il fallait.

Journaliste : L’Amour à mort, un jeu ?

Alain Resnais : Le jeu consistait à tourner un film avec une musique qui n’accompagnait jamais l’action, qui s’arrêtait dès que la voix humaine résonnait. Un jeu avec soixante-deux petits morceaux de musique. (...)

Journaliste : On ne sort pas du jeu, en tout cas !

Alain Resnais : Ah, mais le jeu a toujours été présent dans mes films.

(...)

Alain Resnais : Je serais fou de joie si Smoking faisait pleurer de rire. C’est le plaisir suprême.

Le 7 est dans le centre mental, mais ce mental est au service de sa capacité à imaginer et planifier :

Alain Resnais : Le cerveau est la chose capitale, mais il n’y a rien de moins intellectuel que le cerveau. Si dans mes films c’est un organe important, c’est parce qu’il permet l’imaginaire.

Un autre exemple de 7, ayant évolué vers le 5, est sans doute fourni par Desmond Morris, le zoologiste connu du grand public comme auteur du Singe nu et du Zoo humain.

À côté de ses nombreux articles et ouvrages scientifiques, il a publié un livre La fête zoologique qui décrit de façon burlesque divers épisodes de sa vie de scientifique spécialiste du comportement animal. On y apprend que le premier article qu’il a écrit portait sur l’homosexualité chez les épinoches mâles et qu’il a monté un spectacle scientifique dont le clou consistait à arroser abondamment le public. On sait tout des efforts qu’il a déployés pour provoquer des rapports sexuels entre une panda londonienne et un panda moscovite.

Ennéatype 7 – Ennéatype 8

Pourquoi peut-on les confondre ?

Plein d’énergie, enthousiaste et exubérant. Autonome et indépendant. Souvent égocentrique. Impulsif, voire parfois agressif. Contre l’autorité et testant les limites.

Ce qui les distingue

Le 7 cherche la limite mais ne veut pas créer de sentiments négatifs, le 8 se moque souvent de l’harmonie de la situation. Le 7 est souriant, le 8 est intimidant. Le 7 peut être indirect et évasif, le 8 est direct et sans détour. Le 7 est léger et aérien, le 8 en impose.

Ennéatype 7 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Se centrant sur les aspects positifs. Amical et idéaliste. Évitant les conflits et les situations amenant des sentiments désagréables. N’aimant pas qu’on attende quelque chose de lui. Souvent bavard. Des problèmes à faire des choix.

Ce qui les distingue

Le 7 est vantard, le 9 est modeste et effacé. Le 7 cherche la montée d’adrénaline, le 9 cherche le contentement. Le 7 obtient ce qu’il veut, directement ou indirectement, le 9 ne sait pas ce qu’il veut. Le 7 s’échappe des situations difficiles ou ennuyantes, le 9 ne remarque pas que la situation lui pose un problème. Le 7 initie de nouvelles activités, le 9 attend que les autres prennent l’initiative. Le 7 peut être brusque et impatient, le 9 est doux et jamais pressé.

Ennéatype 8

Compulsion Évite la faiblesse
Passion Excès
Mécanisme de défense Dénégation
Image de soi « Je suis fort ; je suis juste »
Vertu Simplicité
Apport Puissance, courage

Le 8 appartient à la triade 8-9-1 du centre instinctif et il est celui des trois types qui l’utilise dans le monde extérieur. Il met toute l’énergie d’action du centre instinctif au service de sa volonté d’agir et de transformer son environnement.

Comme tous les membres du centre instinctif, le 8 est confronté à la colère, qui est le sentiment caractéristique du centre. Il la manifeste fort et souvent.

La compulsion du 8 est d’éviter toute marque de faiblesse.

Des trois centres, celui que le 8 utilise le moins est le centre émotionnel : en effet, il a tendance à considérer que les émotions sont une forme de faiblesse, et la faiblesse, compulsion oblige, il la déteste. Il remplace souvent le centre émotionnel par le centre instinctif, son préféré. Le 8 est à côté du centre mental.

La compulsion du 8 et son origine

Pour éviter la faiblesse, le 8 va donc chercher à montrer qu’il est fort et puissant. Et il fait cela constamment car il est animé par deux convictions très fortes : il est persuadé que la vie est une lutte et que dans ce combat perpétuel, l’autre est une menace. Le prétexte de cette lutte incessante, c’est la justice. Le 8 considère souvent, consciemment ou inconsciemment, qu’il a été traité injustement pendant son enfance. Adulte, il veut rétablir la justice telle qu’il la définit.

Pour lui, dans la vie, il y a les justes et les méchants. Et les justes, c’est lui et les gens qu’il accepte comme faisant partie de son monde ! Dès qu’il estime que lui ou une de ces personnes est victime d’une injustice, il ne s’émeut pas, il ne pense pas, il fonce. Il se bagarre avec énergie et enthousiasme pour rétablir le – ou plutôt – son bon droit.

Plein d’assurance, il est convaincu d’avoir un impact sur le monde, ou plutôt sur son monde. Cela peut être son environnement immédiat, sa famille, son entreprise ou l’humanité tout entière. Ainsi, le 8 peut devenir un tyranneau domestique ou un bâtisseur d’empire.

À l’inverse, il peut être remarquablement indifférent à ce qui est en dehors de son champ d’attention, en dehors de son monde dans lequel il veut exercer sa responsabilité et son pouvoir.

Dès qu’il agit, le 8 veut avoir le contrôle : il aime commander et fera donc tout pour avoir le pouvoir. Mais sa lutte pour le pouvoir n’aboutit quasiment jamais à un engagement physique, sauf peut-être avec un autre 8 ; il n’a pas besoin d’en arriver là.

Si des règles ont été établies par d’autres, le 8 essaiera de les transgresser. D’abord, il a l’impression de récupérer au moins en partie le contrôle. Ensuite, il peut ainsi tester le pouvoir en place, et si celui-ci n’est pas assez fort pour faire respecter les règles, il sait en profiter pour s’imposer.

Le 8 sait intuitivement repérer et évaluer les véritables centres de pouvoir dans un groupe. De même, il est capable de découvrir instinctivement les points faibles des gens ; il les utilise s’il estime que c’est nécessaire.

Il n’agit pas ainsi parce qu’il éprouve un quelconque sentiment négatif pour les autres : son éloignement du centre émotionnel l’en empêche. Cela explique que la culpabilité est un sentiment qui lui est étranger.

Physiquement, le 8 est plein d’énergie, plus que tout autre type de l’ennéagramme. Le plus souvent, cette énergie est perceptible, visible dans son corps et sensible dans sa présence. Le 8 contrôle bien son corps et il est très résistant à la douleur physique. C’est pour lui une fierté.

Impulsif et plein d’énergie physique, le 8 est incapable de tolérer la frustration. Nourriture, sexualité, loisirs, travail, quoi qu’il fasse, il le fait avec excès. La tradition de l’ennéagramme dit que la passion du 8 est la luxure ; le mot est à comprendre dans le sens d’excès, quel que soit le domaine dans lequel il s’exerce : certes, il est excessif dans sa sexualité, mais ni plus ni moins que dans tous les autres domaines de sa vie.

Le 8 n’est pas un diplomate. Il est honnête et dit aux gens leurs quatre vérités, sans précaution et sans hésitation. Il aime dire « Non ! » et le dit souvent. À l’inverse, si quelqu’un lui dit « Non ! », il ne s’arrêtera pas à cette réponse et fera tout pour que l’autre personne change d’avis.

Le 8 ne connait pas de demi-mesure. Il pense et s’exprime en termes de tout ou rien : pour lui, dans la vie, c’est blanc ou noir, juste ou injuste ; les gens sont forts ou faibles, bons ou méchants, amis ou ennemis.

S’il a l’impression de perdre le contrôle, il exprimera de violentes colères. Et dans le cas où l’effet de la compulsion est fort, il peut avoir l’impression de perdre le contrôle si le tube de dentifrice n’a pas été rebouché.

Le 8 est avant tout un solitaire. Dans ses relations privées, il cherchera aussi à avoir le contrôle et il lui faudra généralement du temps avant qu’une réelle intimité s’installe ; il exprime peu de sentiments parce qu’il en ressent peu. S’il aime réellement quelqu’un, alors il se montrera extrêmement possessif, voire fusionnel ; l’autre personne sera à défendre comme il se défend lui-même.

Son mécanisme de défense est la dénégation. Il niera avec force toute limitation, tout besoin émotionnel, toute manifestation de faiblesse, toute souffrance.

Jeune enfant, ses besoins affectifs en général et d’amour en particulier n’ont pas été satisfaits. Il a vécu dans un environnement compétitif où la force était valorisée. Le plus souvent, le 8 a eu une mère qui l’a dominé sans jamais lui céder. Très vite, il est entré en compétition avec elle parce que le seul moyen d’en obtenir ce qu’il voulait était de prendre le pouvoir sur elle.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 8 devient de plus en plus agressif. Il se cherche en permanence des ennemis et il les trouve. Il se transforme en dictateur arrogant et développe des idées grandioses et irréalistes à propos de lui-même.

Dès qu’il connait un échec, il en ressent une violente humiliation, qu’il nie bien évidemment. Il est alors animé d’un désir de vengeance qu’il confond avec une volonté de justice. Pour lui, ce n’est pas « Œil pour œil ; dent pour dent », mais « Pour un œil, les deux yeux ; pour une dent, toute la gueule ! »

Si le mouvement se poursuit, le 8 ne se reconnait plus que des ennemis ; il cherche alors un refuge dans la position du 5 dont il acquiert les aspects négatifs. Il se replie sur lui-même ; il échafaude en secret des plans pour détruire ses adversaires.

Mais comme il agit de moins en moins, il a de moins en moins le contrôle et il se sent de plus en plus en danger. C’est un véritable cercle vicieux dont il ne sait pas comment sortir.

Intégration de la personnalité

S’il maitrise sa compulsion, le 8 peut devenir un leader apprécié. Courageux et confiant, il aide les autres et cesse d’être agressif pour devenir assertifÊtre assertif, c’est avoir trouvé un équilibre entre agressivité et soumission : ni hérisson, ni paillasson !. À la place de la passion du type qui est l’excès, il en vit la vertu qui est la simplicité.

Si le mouvement se poursuit, le 8 acquiert alors les qualités du 2. Il apprend à se connecter à son centre émotionnel : il juge moins les autres pour les aimer plus. Il acquiert des qualités de confiance et d’innocence. Il va aider et protéger les autres, comme il essayait de s’aider et de se protéger lui-même. En aimant les autres, il va enfin être aimé pour lui-même, et c’est ce qu’inconsciemment il cherchait par-dessus tout à obtenir.

Les ailes

Les types 8 et 7 ont tous les deux une tendance à l’agressivité, à l’extraversion et à l’égocentrisme. Si un 8 a une aile 7, les deux types ont donc tendance à se renforcer... pour le meilleur ou pour le pire, selon le degré d’intégration de la personnalité.

Si le 8 a une aile 9, l’aile va jouer un rôle de contrepoids, plus ou moins grand selon son importance. Parfois, le type sera moins agressif et plus orienté vers les autres ; parfois, l’aile ne fera qu’empêcher d’exprimer une colère bien présente et le type en ressentira une frustration certaine.

Quelques exemples

Le 8 a un sens aigu de son territoire. Si celui-ci est menacé, la colère surgit immédiatement et il le défend avec fermeté. Patrick Le Lay, qui dirige la chaîne de télévision TF1, le fait savoir avec force au journaliste de TéléramaLE LAY, Patrick. « La charte n’a aucune existence officielle » ; interview réalisé par Cécile Challier et Frédéric Péguillan. Télérama ; Paris (France) ; Télérama S.A. ; N° 2301 ; 16 février 1994 ; pp. 60-61. :

Journaliste : Dans l’interview qu’il a accordé au Monde, Gérard Carreyrou regrette que toutes les émissions d’information et en particulier 52 sur la Une ne dépendent pas de la juridiction de l’info.

Patrick Le Lay : Peut-être, mais ce n’est pas mon choix. Et ça restera comme ça, si vous le voulez bien ! 52 sur la Une, c’est à moi.

Parfois, la recherche du pouvoir et les limites de la compulsion sont conscientes, comme le manifeste l’acteur Robert de NiroDE NIRO, Robert. « Le rêve du Rital » ; interview réalisé par Marie-Elisabeth Rouchy et François Gorin. Télérama ; Paris (France) ; Télérama S.A. ; N° 2310 ; 20 avril 1994 ; pp. 24-28., interrogé à propos de la sortie de son film « Il était une fois le Bronx » :

Journaliste : Vous n’avez pas eu peur de voir trop grand en cumulant les rôles d’acteur, de metteur en scène et de producteur ?

Robert de Niro : J’aime tout contrôler. Mais paradoxalement, plus on cumule les casquettes, moins on maitrise ce que l’on fait.

Journaliste : C’est donc le goût du pouvoir qui vous a décidé à passer à la mise en scène ?

Robert de Niro : J’avais envie de donner ma vision des choses, faire mes propres erreurs et, par-dessus tout, oui, contrôler. Et ça, depuis trente ans, depuis mon premier film.

L’Abbé Pierre semble avoir toutes les caractéristiques d’un 8 dont la personnalité s’est suffisamment intégrée pour qu’il acquière les qualités du 2.

Il est conscient de la colère du 8 et l’exprime aussi bien de manière verbale que non verbale. Interviewé en février 1994 à l’émission de télévision 7/7, il a passé le plus clair du temps le poing fermé et brandi ou bien le doigt tendu. Il a prononcé des phrases comme : « Je n’aurais pas été un homme qui se domine de la violence, je l’aurai tapé. », ou « C’est révoltant ! », ou encore « Je commence par une petite voix et ensuite l’indignation me porte. » Et aussi cette phrase qui est la définition même du 8 : « Mon combat, c’est celui contre l’injustice ! »

Mais, nous savons tous que cette formidable énergie du 8, ce sens profond de la justice, l’Abbé Pierre l’a transcendé très précisément avec les qualités qui sont celles du 2 : dévouement aux autres, humilité, amour.

Ennéatype 8 – Ennéatype 9

Pourquoi peut-on les confondre ?

Cela nous parait difficile...

Ce qui les distingue

Le 8 en impose et va facilement au conflit, le 9 est discret et évite le conflit à tout prix.

Ennéatype 9

Compulsion Évite les conflits
Passion Paresse
Mécanisme de défense Narcotisation
Image de soi « Je suis bien, calme, facile à vivre »
Vertu Activité
Apport Acceptation, soutien

Le centre instinctif est le centre préféré du 9, mais c’est aussi celui qu’il réprime. Il essaie de maintenir un équilibre entre les utilisations intérieure et extérieure du centre. Le 9 se sert du centre instinctif à la place des centres émotionnel et mental ; par contre, quand il faudrait agir en utilisant son centre instinctif, il emploie soit le centre émotionnel, soit le centre mental.

Comme pour tout membre du centre instinctif, la colère joue un rôle essentiel dans la vie émotionnelle du 9.

La compulsion du 9 est d’éviter les conflits.

La compulsion du 9 et son origine

Pour éviter les conflits, le 9 va en permanence chercher la paix intérieure et extérieure, et pour cela, il considère que rien n’a vraiment d’importance.

Puisqu’il réprime le centre instinctif, le 9 a du mal à agir ; il a une forte tendance à remettre au lendemain ce qu’il pourrait faire le jour même. Sa passion est la paresse. Pour passer à l’acte, il a souvent besoin d’une impulsion extérieure. Une fois lancé dans une activité, il estime que toutes les tâches sont de non-importance égale. Aussi, il a du mal à distinguer l’essentiel du secondaire et à fixer des priorités.

Le 9 a tendance à privilégier le statu quo car il estime que la nouveauté et la prise de décision sont deux sources potentielles de conflit. S’il est obligé ou si malgré tout il décide de changer, il le fera lentement, en prenant toutes sortes de précautions pour éviter les conflits.

Le 9 valorise et ressent une grande paix intérieure. Et il recherche la même paix à l’extérieur car il souhaite l’harmonie entre lui et son environnement. Avec d’autres personnes, il essaie systématiquement d’arriver à un accord car il pense qu’on peut toujours s’entendre.

De même, il souhaite être bien intégré socialement. Pour atteindre cet objectif, il fournit le plus souvent la quantité de travail nécessaire, malgré sa passion.

Pour éviter les conflits avec les autres, il fusionne avec eux ; ainsi, il sait parfaitement ce qu’ils veulent. Il n’arrive pas très bien à distinguer leurs besoins des siens et s’arrange souvent pour qu’ils soient satisfaits.

En cas de conflit, le 9 reste à distance. N’émettant jamais d’opinion, il est un observateur objectif et un conciliateur impartial. Son propre calme peut contribuer à calmer les autres. Mais si le conflit dure ou si les autres essaient de l’impliquer, il se retire émotionnellement ou physiquement.

De même qu’il fuit les conflits extérieurs, il évite l’introspection. Il ne se reconnait que peu ou pas de qualités.

Puisqu’il fait partie du centre instinctif, le 9 a affaire avec la colère, mais il la refoule. Cette colère, pourtant presque continuelle, est inconsciente. Fort rarement, il explose et manifeste sa colère. Son moyen habituel de l’exprimer est plutôt une immense inertie : comme il sait si bien ce que souhaitent les autres, il lui est facile de ne pas le faire. Cette attitude aussi est le plus souvent inconsciente.

Utilisant mal son centre instinctif, le 9 est peu spontané et semble peu naturel.

Dans les relations privées, il utilise à plein ses capacités fusionnelles. L’autre est le centre de sa vie et souvent, il connait ses désirs mieux que les siens propres. Parfois, il pourra utiliser les besoins de l’autre comme une stimulation et une énergie lui permettant d’agir.

Le mécanisme de défense du 9 est la narcotisation. Comme il ignore ou ne tient pas compte ses propres besoins, il leur trouve des substituts : tabac, nourriture, télévision, collection...

Jeune enfant, le 9 a souvent ressenti un manque d’affection et d’écoute de la part de ses parents ; il s’en est consolé en se disant qu’au fond ce n’était pas très important. Parfois, il s’est trouvé au milieu de violents conflits entre ses parents. Bien souvent, il a refoulé ces éléments et décrit son enfance comme heureuse.

Désintégration de la personnalité

Si la compulsion l’emporte, le 9 devient de plus en plus négligent et indolent. Il se dissocie de plus en plus du monde et des émotions. Il fuit le contact avec la réalité et peut même la nier.

Si le mouvement se poursuit, le 9 acquiert les aspects négatifs du 6. Il devient peureux et craintif. La moindre activité, la plus petite responsabilité le terrorise ; pour agir, il devient totalement dépendant de l’aide d’une autorité extérieure.

Intégration de la personnalité

S’il maitrise sa compulsion, le 9 réussit à devenir une personne indépendante et à être en union à la fois avec lui-même et avec le monde. Stable et optimiste, il est pour les autres une source d’apaisement et de bien-être. C’est un bon médiateur et un excellent pacificateur.

Si le mouvement se poursuit, il acquiert les qualités du 3. Il montre plus d’énergie et d’initiative et développe alors une véritable capacité à agir, à mener des projets à bien et à les réussir. Il apprend à se poser face aux autres, sans être agressif.

Les ailes

Comme pour tous les points du triangle 3-6-9, la détermination de l’aile principale a encore plus d’importance que pour les autres types. Chez le 9, elle indique le centre qui remplace le centre instinctif au moment d’agir.

Si le 9 a une aile 8, il risque d’y avoir un conflit entre ces deux types. Dans le meilleur des cas, l’aile apportera un peu de confiance en soi et de capacité à agir au type principal ; dans le pire des cas, elle apportera la multiplication d’accès de colère ou de violence non compréhensibles et non maitrisés.

Le 9 ayant une aile 8 utilise le centre mental à la place du centre instinctif. Cela fait de lui quelqu’un de plutôt introverti et impersonnel.

Si le 9 a une aile 1, il vivra un peu de la rigueur du 1 et sera un peu plus soucieux de lui-même. Il se sert du centre émotionnel à la place du centre instinctif. Il est plutôt extraverti et est plus attentif aux autres.

Un exemple

Lorsque le chat qui partageait notre vie était encore de ce monde, nous lui avions choisi un vétérinaire qui s’est révélé être un 9. Nous étions tous d’accord pour trouver cela très agréable, car le vétérinaire était très apaisant et aidait tout le monde à se détendre en cas de souci de santé.

Malheureusement, un jour, le chat est tombé gravement malade et il a fallu envisager une opération dangereuse et difficile. Nous attendions que le vétérinaire nous aide à prendre la décision d’intervenir ou non. Mais c’était trop lui demander ; faire un choix, c’était risquer un conflit avec l’un d’entre nous, tout de suite ou à la vue des conséquences. Il ne répondait pas précisément à nos interrogations et nous avons vraiment compris à ce moment-là ce que le mot inertie voulait dire.

Pressé de questions, il finit par dire : « Je ne suis pas le Bon Dieu ! Je ne peux pas savoir. » Alors, l’un de nous lui répondit sur un ton furieux : « Moi non plus, mais vous, vous êtes le professionnel. » Immédiatement, il a cherché à éviter ce conflit et nous a conseillés ce qu’il pensait être la meilleure chose à faire.

Provoquer un conflit dans le présent était sans doute la seule attitude permettant d’obtenir une réponse.